Ma p’tite chérie,
J’ai tant de souvenirs et tellement peur qu’ils s’effacent.
Je me souviens du bonheur ressenti à ta naissance. De ta rentrée en maternelle. Des vacances et des châteaux de sable sur la plage. Des heures passées à te voir à cheval. Des soirées du nouvel an chez Boubou et Sandrine que tu ne voulais pas rater.
Ton enfance avec Nathanaël. Vos jeux ensemble quand vous étiez petits, jamais de disputes. On était bien, on était tous les quatre et ça nous suffisait.
Le déménagement de ta meilleure amie en 4ème et le COVID en 3ème t’ont renfermé et fait doutés de toi-même mais au lycée tu as pu compter sur de nouveaux amis encore présents aujourd’hui. Tes anciens professeurs nous témoignent de quelle élève brillante tu étais.
Je ne regrette aucun instant passé avec toi. Je suis heureuse d’avoir choisi d’être professeur des écoles pour pouvoir passer un maximum de temps avec toi. Je suis heureuse que tu es voulu me suivre dans l’école de Landepereuse pour qu’on soit ensemble, je suis heureuse de t’avoir eu 2 ans dans ma classe. Je suis heureuse qu’on soit toujours partis en vacances à 4. Rien n’a jamais été plus important pour moi que mes enfants, toi et Nathanaël. J’ai toujours été convaincu qu’il fallait profiter des gens qu’on aime tant qu’ils sont là.
Il y a un an, tu nous réunissais pour fêter tes 18 ans. La vie s’ouvrait à toi. Tu allais travailler pour les jeux olympiques. Tu étais sélectionnée dans la formation que tu souhaitais, dans le domaine dont tu rêvais, le cinéma. Tout était parfait.
Mais voilà, il y a 10 mois, la maladie en a décidé autrement. 10 mois. 10 mois où tu t’es battue avec une dignité et une détermination qui m’a profondément marquée. Tu as affronté la douleur, les traitements, l’incertitude avec tellement de résilience. Chaque journée passée à tes côtés à l’hôpital fut une leçon de vie. Nous avons tant parler. Jusqu’à cette dernière journée où pour la dernière fois tu m’as dit « j’en peux plus ». Nous nous rendions compte, toutes les deux, depuis plusieurs jours, que le traitement ne fonctionnait pas et que les jours à venir n’allaient être que souffrance jusqu’à l’inévitable. Tu as exprimé ton souhait aux médecins. On a attendu que papa et Nathanaël nous rejoignent. On a écrit, ensemble, un dernier SMS, que tu m’as demandé d’envoyer aux plus proches et à tes amis. Tu as attendu que chacun d’eux te répondent, tu y tenais. Après cela, je te revois appuyer sur cette sonnette rouge et dire à l’infirmière « ça y est, je suis prête. Je ne veux pas faire une nuit de plus et avoir mal demain. Je veux le faire sans avoir mal ». Quel courage.
Papa, Nathanaël et moi, nous t’avons accompagné jusqu’à ce que tu t’endormes et bien après.
Je me souviens de cette dernière nuit à tes côtés. J’espère que mes paroles t’auront permis de partir sereine et apaisée. Je me souviens de ta dernière respiration : un soulagement pour toi mais qui m’a déchiré le cœur.
Certains diront que c’est mieux comme ça, que tu ne souffres plus. Non, ce n’est pas mieux comme ça. Ce qui serait mieux c’est que tu sois avec nous pour tes 19 ans et que tu ne sois pas malade.
Comment faire aujourd’hui ?
Comment faire pour voir un cheval sans penser à toi ? Comment aller au cinéma, regarder une série, aller voir une comédie musicale sans toi ? Comment aller manger un burger au chèvre chez Holly’s ? Comment profiter de la plage de Vieux Boucau sans toi ? Comment manger des p’tites patates chez Janine ? Comment manger des framboises à Bligny ou des frites de patates douces chez tonton sans toi ? Comment faire un blind test ou regarder l’eurovision sans toi ? Je ne sais pas. On dit que la douleur s’atténue avec le temps. Je ne sais pas. Tout ça me semble irréel.
Comme tu me l’as demandé, je vais bien m’occuper de ton chat, Vivio. Tu l’auras tant désiré et tu en auras si peu profité. Quelle injustice. Comme tu me l’as demandé, je vais continuer à vivre pour papa et Natha. En tout cas, je vais essayer. Une partie de moi est morte et partie avec toi.
Tu pars rejoindre Cacahuète que tu aimais tellement, Nesquik, Filou, Paddy et mamie Mireille. Elle ne va pas être contente de t’accueillir si tôt mais elle prendra soin de toi, comme toujours. Tu auras le droit de tout.
Je suis si fière de toi ma fille. Je sais que papa et Nathanaël, eux aussi sont fières de toi. Tu seras notre étoile et à jamais dans notre cœur. Je t’aime. On t’aime. Maman.